AEICT 2020, COVID-19

3 Avr 2020
ARRICOD

Branle-bas de combat dans les collectivités, à juste titre, pour combattre les effets du Covid-19 et garantir la continuité du service public pour tous. Qu’il s’agisse d’organiser le travail des services en télétravail, d’assurer la sécurité des agents sur le terrain ; de gérer la fermeture des établissements scolaires et l’accueil des enfants du personnel soignant ; de soutenir les acteurs économiques, de veiller aux conditions des plus vulnérables, en organisant, entre autres, une logistique alimentaire malgré des marchés fermés et l’obligation de rester confiné… les collectivités de tous niveaux sont évidemment impactées.

Dans ce contexte, l’AEICT serait la dernière des priorités, un volet bien peu utile des politiques publiques locales ?

Pourtant aujourd’hui, de quoi sont faites nos actualités ? D’un « benchmarking » macabre entre pays, où sont comptabilisées les victimes, certes, mais aussi d’une comparaison systématique entre les mesures décidées par les Etats ou les collectivités de tous niveaux. Car les collectivités territoriales, inventives et innovantes, prennent toute leur part dans cette lutte contre l’épidémie.

Or, immédiatement catalogués comme « non prioritaires », voire « non essentiels », les services Europe et/ou International des collectivités restent pourtant indispensables dans la vie de la collectivité en temps de crise, et jouent leur rôle d’échanges de bonnes pratiques. En France, les services Europe/International peuvent faire partie des cellules de crise mises en place comme par exemple à Grenoble ou à Clermont-Ferrand. Leurs fonctions sont variées : venir en appui auprès de publics migrants, afin de traduire et faire circuler l’information sur les précautions et gestes barrière, suivre des rapatriements en lien avec les services consulaires, être vigilant sur les conditions des étudiants étrangers confinés sur nos territoires, traiter des questions liées aux mobilités internationales, et parfois même participer aux recherches de matériel médical à l’étranger etc.

Au niveau européen, le réseau Eurocities a pris l’initiative de recenser les mesures prises dans des métropoles aux 4 coins de l’Europe :  https://covidnews.eurocities.eu , créant ainsi une source d’inspiration pour tous. Et ce sont également les services Europe qui canalisent les remontées d’informations à construire auprès de l’Union Européenne à propos des réalités et des besoins du terrain.

Moins « spectaculaires », ce sont aussi dans certaines collectivités les services internationaux qui diffusent auprès de leurs collègues les techniques de visioconférence, généralisées depuis mi-mars, pour des réunions sur un même territoire.

De même, ces jumelages, deviennent des ponts – sans qu’il soit systématiquement question de dons – pour renflouer en masques nos territoires si dépourvus. En Chine, l’initiative semble émaner de l’État central et suscite de nombreux de questionnements, elle n’en reste pas moins emblématique : Canton a par exemple approvisionné Lyon avec 100 000 masques chirurgicaux et 200 thermomètres électroniques, que Lyon a réceptionnés et remis à l’Agence régionale de santé. Et ce n’est pas propre à la France ! Porto, au Portugal, devait recevoir des respirateurs de sa ville jumelle chinoise de Shenzen ; Braga, toujours au Portugal, ville de 140 000 habitants, qui a un accord avec Shenyang (Chine),  a commandé 10 000 masques et 500 kits médicaux. D’autres exemples ne manquent pas, même s’il convient évidemment de lier realpolitik et stratégies d’influence des États sur le long terme.

C’est dans l’adversité que l’on compte ses vrais alliés : aujourd’hui, par les échanges de pratiques, de matériels, d’idées, à défaut de faire se rencontrer les personnes, actuellement confinées, même si l’AEICT n’est pas la priorité du moment, elle reste présente pour appuyer les autres services des collectivités, et donc les territoires.

Aujourd’hui confinés, nous nous interrogeons tous sur le moment et la façon de revenir au monde, une fois la crise passée… De quoi demain sera fait ? L’AEICT aura certainement un rôle à jouer dans la reconstruction de nos sociétés, dans les échanges d’idées, de conceptions, de nouvelles pratiques à mettre en place dans la gouvernance et le développement des territoires.

Puisque « nous dépendons d’une poignée de mains »[i] à l’autre bout du monde, quelle conception de la mondialisation adopter ? Se protéger en fermant les frontières ? Dénoncer une mondialisation absurde ? Défendre une logique de coopération qui fait la part belle aux interactions de toutes natures, aux enjeux sociaux et qui dépasse les questions de puissance ?

Alors oui, les agents des services Europe et/ou International des collectivités n’ont pas de rôle majeur à court terme dans la lutte contre la propagation d’un virus, mais en tant qu’agents du service public, et au même titre que leurs collègues, ils contribuent à la réflexion sur le sens de l’action publique, locale et internationale.


L’équipe ARRICOD

[i]Bertrand Badie : “Avec la mondialisation, nous dépendons d’une poignée de mains qui se donne à Wuhan”, interview du 14 mars 2020 sur France Inter : https://www.franceinter.fr/emissions/l-invite-du-week-end/l-invite-du-week-end-14-mars-2020

Laisser un commentaire